I. INCIPIT
Extraits du roman Tokyo Rhapsodie aux éditions la Musardine, cliquez ici pour en savoir plus...
La ruelle était sombre malgré la lumière du petit matin qui éclairait déjà le haut des façades des immeubles alentour. Le Français s’était habitué à leur aspect kitch : il ne voyait plus la laideur des murs de la ville, ni ses néons criards. Un bruit, le crissement de gonds rouillés, l’avertit que son attente prenait fin. Il reconnut immédiatement la silhouette de la femme alors qu’elle faisait quelques pas maladroits sur l’asphalte. Ce que ses yeux ne pouvaient pas voir, son cœur et sa mémoire le lui présentaient. Cela le réconforta. Elle titubait, elle devait être ivre. Un sourire mauvais déforma les lèvres du garçon : elle s’était amusée toute la soirée, mais pour Cendrillon, la fête était terminée.
Il sentit sa haine prendre lentement le dessus et il la laissa irradier dans son ventre comme une boule chaude, à la fois désagréable et intime. Il s’approcha de la fille, les poings serrés. Elle regardait dans sa direction. Elle devait l’avoir reconnu car elle ouvrit la bouche pour crier quelque chose d’inarticulé. Dans son regard il n’y avait que du désespoir, et dans le miroir de ses yeux, il vit la chaîne entière des événements de la semaine, cette incroyable mécanique de hasards, d’actes et de conséquences qui, telle la main d’un Dieu de vengeance, l’avait conduit là. Il se souvint du mercredi, au café.