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Extraits de Tokyo Rhapsodie
27 juin 2008

III. UNE FIN DE JOURNÉE À TOKYO - Part. 2

Extraits du roman Tokyo Rhapsodie aux éditions la Musardine, cliquez ici pour en savoir plus...

Au fond du café, les deux lycéennes continuaient de piailler. La plus grande, Maiko, avait en effet une grande nouvelle :

— Et donc elles m’ont désignée comme capitaine de l’équipe.

Yu-Chan, plus petite mais aussi plus vive, avait le visage empourpré de joie :

— C’est formidable. Tu te rends compte ? En plus vous êtes presque en finale départementale...
— Quart de finale.
— On s’en fiche, c’est génial !

Maiko se taisait. Soudain elle regarda l’heure sur son portable et commença à ramasser ses affaires. La plus petite voulut la retenir :

— Quoi, tu pars déjà ?
— Ecoute, je suis vraiment désolée, mais j’ai encore un entraînement de volley. Tu sais le match est pour bientôt...
— Je sais, je sais, et puis le professeur est si sexy...

Maiko rougit jusqu’aux oreilles. Yu-Chan éclata de rire :

— Allez, je te charrie !
— Non, c’est pas ça.

Elle regarda à droite et à gauche pour voir si quelqu’un écoutait. Dans le café, personne ne semblait se préoccuper d’elles mais Maiko baissa tout de même la voix :

—Il m’a demandé de rester après l’entraînement pour une séance de perfectionnement.
— C’est formidable !
— J’ai peur, tu sais, je ne suis pas au niveau et il n’arrête pas de me dire que je ne sais pas utiliser la force de mon ventre.

Yu-Chan essaya de remonter le moral de son amie mais, comme tout le monde, elle avait entendu des histoires horribles sur le professeur. Il obtenait de bons résultats, l’équipe ne serait probablement pas éliminée avant la finale, mais on murmurait dans l’école que c’était au prix d’un régime quasi-militaire pour les joueuses, sans parler des rumeurs de violences physiques sur certaines filles. Maiko s’apprêtait à partir et, dans un grand geste, Yu-Chan l’étreignit, la serrant très fort avant de la relâcher. Maiko était toute raide.

Soudain conscientes des regards sur elles dans le café, elles sortirent en courant, dans un envol de jupes. Elles se séparèrent à la gare. Maiko reprit le chemin du lycée et Yu-Chan celui du restaurant où elle allait travailler trois fois par semaine. Il se trouvait dans le quartier chaud près de la gare et Yu-Chan devait remonter une ruelle éclairée par des flaques de néons aux couleurs criardes pour l’atteindre. Elle venait de passer le pachinko qui déversait un tonnerre de décibels dans la rue. Elle s’apprêtait à tourner à droite, dans l’impasse du restaurant quand, une voix l’appelant par son nom la fit sursauter.

—Yu-Chan ?

SeijiElle se retourna, soudain craintive. Dans l’ombre, il y avait le visage grimaçant de Seiji.

— C’est toi ? Tu m’as fait peur ! Tu sais que...

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que son petit ami avait déjà collé son visage au sien et qu’il l’attirait à lui, dans l’ombre. Elle se débattit un peu pour se figer bientôt, raidie, en sentant sa langue se glisser dans sa bouche. La main droite de Seiji la plaquait fermement contre lui tandis que la gauche se glissait sous sa jupe, montant vers le dérisoire obstacle de nylon protégeant son intimité.

— Pas ici ! Mais qu’est que tu fais ? Je suis déjà en retard.

Elle n’arrivait à parler que par saccades, Seiji la tenait tout près de lui, caressant le haut de ses cuisses et la peau sous l’échancrure de sa culotte. Il finit par la lâcher en souriant et sortit une cigarette de sa poche. Un instant la flamme du briquet éclaira un visage tout en longueur, le menton couvert d’une barbe clairsemée. Il portait trois anneaux à l’oreille gauche : un zirconium, une minuscule tête de mort en métal et une petite croix en or.

— Je viens te chercher à dix heures, je te ramènerai après.

Yu-Chan gloussa. Seiji avait beau être son petit ami, ils se voyaient rarement. Il était très occupé, même si elle n’était pas vraiment sûre du travail qu’il exerçait. Elle le regarda s’éloigner, une silhouette dans un manteau blanc, tellement chic, tellement sexy. Soudain elle se souvint qu’elle était en retard et partit en courant vers la porte du restaurant.

tokyorhap_icone

 

 

 

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